Murder in your eyes { Ben

c. White Coton & Leavesden

Kayla frissonnait. Son corps était agité de tremblement fiévreux, elle grelottait pourtant une chaleur désagréable se faisait sentir au creux de son ventre, sur ses joues. Mais il fallait rester stoïque pour cette partie de l’histoire. Sans réellement se douter qu’elle faisait comme avait agi Nathan des mois plus tôt, elle se glissa dans le Chemin de Traverse, serrant sa cape contre elle, se faisant minuscule pour ne pas toucher les autres. Ici, personne ne la connaissait. Ils ne s’écartaient pas sur son passage de peur d’être jeté dans le magasin le plus proche (à défaut de Lac) si jamais il y avait contact.
C’était presque agréable d’être anonyme. Storm l’Intouchable était restée à Poudlard, et Kayla espérait qu’elle y resterait; il n’y avait pas de place pour elle en Espagne (ça fait un peu schizophrène, non? XD).
Au Chemin de Traverse, tout était toujours bondé. L’Allée des Embrumes, plus loin, Storm ne s’y risquait que rarement: une jeune femme seule était toujours matière à convoitise. Mais dans cette rue bondée, uniquement par des sorciers, il y avait une légère impasse. Aucun magasin n’y était, donc par conséquent, aucun passant. Kayla avait donné le rendez-vous ici. Elle savait qu’il viendrait.

Se glissant dans ladite impasse, dissimulée dans l’ombre, la capuche relevée sur la tête, la baguette sortie, Kayla attendit. Peu de temps, car rapidement, une nouvelle silhouette arriva. Forte. Un homme, et l’ancienne Serpentard, vu sa carrure, n’aurait pas aimé se prendre une gifle de sa part. elle sortit de l’ombre, elle, mince, presque frêle, les yeux brillants de fièvre et peut-être de folie, les doigts crispés sur sa baguette. L’homme eut un pas de recul.

« Storm… », murmura-t-il.

Kayla abaissa sa capuche. La tête droite, fière, elle le fixa.

- On se reverra en enfer, Mercer.

Le mangemort brandit sa baguette, un éclair argenté fila droit vers la jeune femme, qui n’eut qu’à se déplacer d’un pas pour l’éviter. Son sort à elle, un filet noir brillant, ne loupa pas Mercer. Pendant un instant, il se cru sauvé: rien ne se passait. Mais rapidement, il hoqueta, lâcha son arme, porta les mains à son visage. Du sang ruisselait comme des larmes de ses yeux, un filet s’en échappait par ses oreilles, son nez était une cascade écarlate, il toussait, le liquide vital mouillait ses lèvres.
Imperturbable, Kayla le regarda se vider de son sang. Les veines éclataient sous sa peau, les artères, en explosant, perçait des trous dans la chair, son corps se couvrit bientôt d’écarlate, et il finit par tomber, les yeux grands ouverts, dans une mare de vie. Storm s’assura qu’il était mort en posant deux doigts sur son cou. L’index et le majeur trempés de sang, Kayla se détourna et s’assit un peu plus loin, la tête entre les bras. Frissonnante de fièvre.

Cette fois-ci, c'était décidé ! Benjamin avait la désagréable impression d'avoir tout vu et tout fait à Londres... Ses années d'école terminées, il se demandait ce qui le retenait encore dans la capitale anglaise. Et la réponse était évidente : RIEN ! Pas de meilleur ami à suivre, pas de carrière à embrasser,... Ni de copine d'ailleurs. Sur ce point-là, Benjamin avait fini par se calmer. Il en avait eu assez de tomber les filles et de les larguer dès qu'il avait eu ce qu'il voulait. Il entrait dans une phase où il appréciait grandement sa solitude sentimentale. Ce qui, par la même occasion, lui permettait de faire ce qu'il avait fermement décidé : quitter l'Angleterre. Il n'avait en revanche pas d'idée précise de sa destination. D'abord faire un tour en Irlande, puis en Ecosse, en France, peut-être continuer à l'est vers la Bulgarie, ou bifurquer au sud et rejoindre l'Afrique... Il verrait ça en temps et en heures. Il était sûr d'avoir besoin de vacances avant de partir à la recherche de Derbby et s'assurer que son secret en restera un... à jamais.

Comptant effectuer la première partie de son voyage en balai, il fallait à Benjamin deux ou trois choses primordiales pour ne pas transformer ce plaisir en calvaire tragique. Une cape de voyage déjà, une tenue bien chaude, et pourquoi pas un nouveau balai... Celui qu'il possédait était très bien, mais en acheter un neuf, ça marquerait le coup, le début d'une nouvelle vie... Enfin, priorité à la cape de voyage.

Dans sa logique de sorcier anglais, Mason savait qu'il trouverait tout ce dont il avait besoin au Chemin de Traverse. La rentrée de Poudlard ayant déjà eu lieu, le jeune homme s'attendait à trouver moins de monde qu'à l'accoutumée. Pas de fournitures à acheter, donc moins de gosses, de mères pressées et plus ou moins fières de leurs bambins... Eh bien le Chemin de Traverse lui prouva en un instant qu'il avait tort ! Si effectivement les mères et les gamins avaient déserté les lieux, il n'en restait pas moins un nombre incalculable de sorciers et de sorcières, plus ou moins pressés, plus ou moins souriants...
Ben se glissa dans la foule en direction du magasin de Mme Guipure. Une nouvelle robe bien chaude, et une cape de voyage...

A l'intérieur du magasin, pas grand monde. On était bien loin de l'effervescence d'avant-rentrée, quand il fallait aux nouveaux élèves de Poudlard des robes (et aux anciens des robes adaptées à leur croissance)... Deux ou trois femmes débataient à voix basse du meilleur tissu ou de la plus jolie couleur... Ininteressant.
Benjamin n'eut pas besoin de longtemps pour expliquer ce qu'il cherchait, et une fois ses mesures prises, il décida de sortir acheter son balai et de repasser chercher ses robes plus tard. Il venait d'être submergé par un sentiment qu'il ne se connaissait pas et avait besoin de prendre l'air pour l'analyser. Tout en vagabondant sur le Chemin, il pensait aux uniformes de Poudlard exposés, à son propre blason de Serpentard qu'il gardait précieusement, et se laissa un instant envahir par la nostalgie. Que devient-on une fois sorti de l'école? Même si être un jeune sorcier n'est jamais de tout repos, l'école garde son caractère insouciant, presque innocent. Tant qu'on est élève, on ne risque pas grand chose de plus qu'une belle punition si on fait n'importe quoi. Mais comme adulte? Des responsabilités viennent s'entasser dans votre vie, et personne ne vous a jamais appris comment on doit y faire face.

Tout à ses pensées, Benjamin faillit ne pas faire attention à ce que son oeil avait aperçu. Dans une petite ruelle deserte, une silhouette assise contre un mur, la tête dans les bras. Peut-être que s'il n'avait pas été en train de penser à son ancienne vie d'étudiant, Mason n'aurait porté que peu d'attention à cette personne. Sûrement ne l'aurait-il pas reconnue d'ailleurs... Mais là, il n'y avait aucun doute, ça ne pouvait être qu'une ancienne camarade de sa Maison. Storm... Un sourire éclaira le visage du jeune homme quand il se souvint du cochon grillé dans la salle commune, puis son visage redevint grave. A en juger par la posture et l'immobilité de la jeune fille, quelque chose n'allait pas bien pour elle.
Mason hésité un moment. Dans pareille situation, il n'était pas sûr que lui-même aurait apprécié d'être "dérangé", pas même par un ancien camarade... Mais Storm était une des très rares personnes pour qui il avait réellement de l'estime, et elle avait vraiment l'air mal...

Il s'approcha doucement, cherchant ses mots pour ne pas la faire sursauter, pour ne pas l'inquiéter, pour ne pas la rabaisser... Lui faire comprendre qu'il était là si besoin, sans lui faire croire qu'il la sentait faible (ce n'était même pas réellement le cas)...

- Hey Storm ! Ca ferait presque plaisir de te voir ici si j'avais pas l'impression que quelque chose ne va pas et que j'aurais mieux fait de ne pas dire ça...

Une tentative d'humour désastreuse, Benjamin en était conscient. Il espérait seulement qu'elle se souviendrait suffisamment de lui et de sa façon d'être pour comprendre la manoeuvre... Il se sentait piteux, et appréhendait la réaction de celle qui avait été l'espace d'une soirée ce qu'il avait eu de plus proche d'une "amie"...